Enregistrement: CRR de Paris par Mathieu Pion
Mix & Mastering: Mathieu Pion (Studio Csolfa)
Ticollection 2015.
L’eau qui se tait, ou s’exprime. La pluie sur l’eau étale. Clapotements, bulles, flux et reflux. Gouttelettes et leurs ondes. Vagues à lames. Courants et perles, de la source à l’océan.
Et la nuit, qui porte ces sons.
Je ne sais plus trop finalement si ce disque est beau parce qu’il est triste ou s’il irradie parce qu’il est sombre. Alors, pour ne pas trop me tromper, j’évoque.
J’évoque ces souffles, très présents, qui parfois se timbrent pour laisser émerger des mélodies de lune. Ces cris qui déchirent le silence et ces sons qui naviguent, dans une fausse anarchie, d’une octave à l’autre pour libérer quelques harmoniques, quelques notes vibrantes. Ces sons magnifiques essaimés d’un geste retenu pour ne pas les gâcher par l’abondance.
J’évoque ces accords, suspendus et diaphanes, qui fendent l’espace en rayons obliques. Ces bruits étrangers, de métaux contre les cordes ou de bois contre le coffre, ce piano vu de haut, envisagé comme un tout.
J’évoque ces conversations, intimes et ouvertes, au long desquelles deux musiciens font fi de la brillance et lui préfèrent le risque, débarrassent leurs échanges des matières superflues pour mieux en révéler la hauteur.
Il y aurait tant à dire mais cela aboutirait à si peu de vérités… Peut-être faut-il à un moment s’effacer, non par manque d’intérêt, mais par respect pour une musique, aussi belle qu’exigeante, qui peut s’enorgueillir, à force de libertés, de ne pas se laisser facilement croquer.
Ces précieux instants musicaux sont présentés dans un écrin de carton, une pochette avec quatre battants, maintenus par un ruban, qui renferme le disque et deux feuillets de papier granuleux et odorant. Tout cela est d’une intrigante beauté. »
Olivier Acosta, Mozaic Jazz